Sivananda Yoga Vedanta Dhanwanthari Ashram, mauvais feeling (Kerala – Inde)

Om Om Om !

L’école de yoga fondé par Swami Sivananda est connue à travers le monde. On trouve un bon nombre de ses centres de yoga en occident dont un à Genève. Il est possible de suivre des cours de yoga, méditation, cuisine ayurvédique etc. Les cours de yoga sont basés sur l’apprentissage d’une vingtaine de postures (asanas) dans le style du hatha yoga.

En Inde, il est possible de séjourner dans deux ashrams Sivananda dont un se trouve à Neyyar Dam au Kérala. L’ashram propose un séjour « yoga vacances» de 15 jours, deux fois par mois pour permettre de vivre une expérience au sein d’un ashram. Les journées débutent à 6h du matin et se terminent vers 22h. Au programme, 2 séances de « satsang », d’une durée de 2h chacune, correspondant à des rituels, des chants et méditation, 2 cours de yoga de 2h chacun, une séance de lecture sur divers sujets, deux repas et le karma yoga (correspondant à une tâche de travail attribuée à chacun vivant dans la communauté). Il est obligatoire de loger sur place avec le choix de chambres individuels, doubles ou en dortoirs. Pour une chambre double sans salle de bain, le prix est de Rs 700, par personne. La majorité des gens sont occidentaux, élèves et professeurs confondus. L’ashram se trouve en pleine nature, dans la forêt tropicale et proche d’un lac. L’endroit est très agréable et très bien entretenu. Tout nous semblait parfait pour un long séjour de yoga.

Pour celui qui connait le « style Sivananda », il ne sera pas surpris de leur façon d’enseigner, soit les cours donnés dans cet ashram sont les mêmes que ceux que vous pourriez suivre à Genève ou à Paris. Cela dit, après le premier cours que nous avons suivi dans cet ashram, nous avons remarqué, de la part du professeur, une attitude hautaine et autoritaire, accompagnée du manque de professionnalisme, soit quasiment pas de correction ni d’aide quant à la pratique des postures. Les professeurs ne pratiquent pas pendant les cours, ils donnent des ordres !
Comme exemple, à Sivananda, on vous demande de faire la posture sur la tête (Sirshasana) et, pour ceux qui n’arrivent pas, le professeur montre une seule façon possible pour s’y préparer. Cela correspond à une variante de « pompes », pour muscler les bras et épaules. Pour ceux qui pratiquent le yoga de façon complète et non seulement comme un exercice physique, ils comprennent très bien qu’il ne s’agit pas d’une question de muscles mais plutôt d’un sens de l’équilibre entre l’esprit et le corps. Comme autre exemple, on vous demande de faire la posture de la pince (Paschimottanasana) les jambes absolument tendues. Dans cette posture, c’est la rotation du bassin qui compte, c’est à dire que le ventre touche les cuisses, que les jambes soient tendues ou pas. La souplesse n’est pas pareille chez chacun et les jambes tendues, chez une personne moins souple, provoqueront l’arrondissement du dos, voire des douleurs dues à la mauvaise posture.

Chez Sivananda, il faut exécuter les postures comme les parfaites représentations des yogis que l’on peut voir dans les livres, peu importe les problèmes physiques des uns et des autres. On a l’impression que c’est le résultat qui prédomine et non la conscience du corps, selon le hatha yoga.
L’enseignement des asanas n’est pas du tout profond et on a l’impression de suivre un cours de gym. Les professeurs répètent sans arrêt, « one, two, one, two, inhale, exhale, one, two… »

En dehors des cours de yoga, on pourrait se réjouir des deux repas journalier mais ce n’est pas du coup le cas. L’accueil dans la salle à repas se fait avec des chants « hare hare krishna » dans une ambiance quelconque, sans aucune profondeur. Les repas sont sans saveur et sans originalité. On se demande à quoi servent les arbres fruitiers du jardin de l’ashram vu qu’aucun fruit n’est offert, que ce soit de la papaye, des bananes ou de la noix de coco. Par conséquent l’ashram possède deux boutiques. L’une vendant différents articles dont sucreries, pommes et oranges à la pièce, au prix du kilo au magasin. Puis l’autre, appelée « health hut » vend des jus de fruits frais, d’octobre à avril. Nous n’avons pas pu tester ni la qualité ni le prix, malgré la période (début octobre) car c’était en travaux.
Et si dans la plupart des ashrams la nourriture reste simple, cela ne veut pas dire toujours pareille et sans goût avec possibilité d’acheter chez eux des biscuits et de vous en goinfrer! Alors qu’un centre ayurvédique fait partie de l’ashram… on peut s’imaginer que la bonne nourriture fait partie du séjour.

Après un cours de yoga médiocre et un mauvais repas, on pourrait se réjouir du « satsang ». Au premier abord, on peut aimer où ne pas aimer chanter ou répéter des mantras ! Mais voici notre vision de cette cérémonie : le maître est une femme occidentale, au visage sévère, habillée de blanc, assise sur une chaise, sans aucune expression! Disons qu’elle ne donne pas l’impression d’une femme épanouie, humble et remplie de sagesse. L’énergie qu’elle dégage donne juste envie de fuir ce lieu ! Mis à part le personnage, le « satsang » est des plus ennuyeux du monde. A l’aide d’un manuscrit, on chante comme on peut des chants en sanskrit, sans aucune explication ni traduction et, avec comme guides, notre chère maître ou d’autres disciples du 1er rang. Avez-vous déjà vu la tête d’une tortue marine ? Et bien, la ressemblance est miraculeuse avec notre maitresse de cérémonie! Chanter des textes basés sur la compassion, l’amour et le partage, nous a paru difficile. La partie la plus drôle du « satsang » est la cacophonie des chants mélangée aux sons des quelques instruments, mis à disposition de tout un chacun pour l’accompagnement. On a vraiment l’impression de vivre une expérience de secte et, à répétition, cela n’est ni instructif ni drôle.
De plus, pas question de manquer une séance de « satsang » ! Vous serez vite remis à l’ordre et nous en avons fait l’expérience. Un matin, fatigués de suivre ce rituel, nous sommes restés dans notre chambre. Une personne est venue frapper à notre porte pour nous demander la raison de notre absence. Après notre explication, nous avons reçu comme réponse « je ne veux plus vous trouver ici demain matin !» Quel tact et quel joyeux sentiment de compassion envers les autres de la part de ce représentant de la grande communauté… Ses paroles tombaient bien car nous avions déjà pris la décision de partir !

Toutes ces expériences résument bien l’ambiance générale de l’ashram Sivananda, basée sur l’autorité et le profit. Ici, on loue son tapis de yoga à Rs 20 par jour où on l’achète, à double prix des magasins. Lorsque vous avez votre « ticket de sortie » qui vous permet d’accéder à l’extérieur de l’ashram, on vous déconseille d’aller dans le village voisin. Est-ce parce que les boutiques du village vendent les mêmes produits qu’à la boutique de l’ashram mais à moitié prix ?

Finalement, notre séjour n’a duré que 3 jours au lieu de 15 jours prévus. Tout était ennuyeux et l’ambiance générale malsaine. Après renseignement, beaucoup de personnes peuvent rester des semaines, voir des mois et apprécient surtout les rencontres et les amitiés qui se créent. Nous n’avions qu’une seule envie, c’était de partir mais pour cela nous devions attendre 3 jours car il s’agissait du nombre minimal de jours, payable à l’avance, bien entendu !